A very lux feeling_Leonora Bisagno
La recherche artistique de Leonora Bisagno, basée à Florence, est axée autour d’une réflexion sur l’image, sur sa nature-même. Elle travaille d’une manière récurrente avec des images pré-existantes et des objets trouvés.
Dans ‘A VERY LUX FEELING_ feeling so lux’, on suit son périple artistique - des idées, des objets, des situations – des rencontres et coïncidences au jour le jour de sa résidence, qu’elle se réapproprie dans un jeu de correspondances poétique et sensible.
Ainsi une visite au Mudam suivie d’une rencontre fortuite avec le Grand-duc Jean, l’amène à imaginer tout un scénario qui mélange références et sources diverses : une aquarelle faite par l’artiste, un reportage photo extrait d’un feuilleton de 1971 sur la demeure Grand-ducale, un essai théorique de 1994 projetant sur le futur Musée Grand Duc Jean, un article d’actualité issu de la presse quotidienne, le récit personnel de l’artiste de sa propre expérience…le tout encadré par des cadres provenant d’anciennes photographies dénichées aux puces.
Par le processus de réorganisation et d’assemblage de ces documents, Leonora Bisagno fait émerger de nouvelles associations, et mène une réflexion sur les notions de représentation, d’interprétation, de contexte, de basculement de statut entre prévision et mémoire…
Topographies consiste en des prises de vue des murs de l’appartement du logement des artistes.
Classés selon les couleurs, répertoriés selon un mode faussement scientifique, incluant des accidents de la surface et des variations de lumière, ces échantillons figurent comme un répertoire de possibilités et de probabilités et deviennent emblématiques de systèmes plus complexes de production de sens ou d’identité, comme la linguistique ou l’iconographie.
Alors que dans Topographies le mur devient image, pour Augenmond on assiste à une inversion du processus : ici l’image réadopte la planéité de la surface…les enjeux de la photographie s’y retrouvent : la lumière, le regard, la réflexion et l’idée de l’image comme fenêtre sur le monde.
I am very happy est une vidéo qui montre l’apparition d’une phrase manuscrite sur la buée d’une vitre de voiture…La phrase va et vient avec le passage sous l’éclairage électrique de la route, …un roadmovie qui répète en boucle la même question évoquant la construction et la déception, et associant la force et la fragilité du moment.
Dans le même esprit, le néon Luxembourg affiche le nom du pays de résidence manuscrit par l’artiste. Monté en deux pièces, il clignote d’une manière déphasée, …constamment à la recherche d’une concordance - jamais atteinte.
D’autres travaux illustrent le point de départ initial de l’artiste: la recherche sur la lumière. Ceci n’est pas un Wasserturm, un clin d’oeil d’un côté, aux ‘Trahisons des images ‘ du peintre surréaliste RenéMagritte, et ses réflexions sur le décalage entre un objet et sa représentation; d’un autre côté uneallusion à la nouvelle fonction que va assurer le château d’eau en tant que futur lieu d’exposition.
Trois séquences de vidéos montrant le château d’eau de Dudelange filmées depuis la fenêtre de la chambre de l’artiste: une quête fluctuante du motif dans le noir qui devient rayonnement.
Morgengrauenton est un enregistrement sonore effectué par l’artiste quotidiennement lors du lever du soleil. Ce sont les oiseaux, les bruits de la rue, le départ du train de la gare adjacente etc. qui deviennent représentation de la lumière et du jour naissant.
L’oeuvre multidisciplinaire de Leonora Bisagno est toute une constellation d’oeuvres liées entre elles à travers une narration subtile et personnelle, des allers-retours spatiaux et temporels, un univers jouant souvent avec la limite du visible et de l’invisible, l’apparition et la disparition, qui s’inscrit dans une quête permanente de l’appréhension du monde.
Leonora Bisagno’s artistic research mainly concerns a reflection on the image itself, through a continuous questioning of its nature. She often works on pre-existing images and objects.
In ‘A VERY LUX FEELING_ feeling so lux’, we follow her artistic journey during her residency at the CNA: ideas, objects, situations, encounters and coincidences, are reassembled in a poetic and sensitive game of correspondences.
A visit at the Mudam, followed by a fortuitous meeting with the Grand-Duc Jean, leads to an unpredictable scenario mixing various references and sources such as a watercolour, a photographic report extract of 1971 and a personal narration of the artist.
By the process of reorganization and assemblage of the documents, new associations emerge and carry out a reflection on the concepts of representation, interpretation and context, through a continuous swing of status between forecast and memory.
Topographies consists of detailed shootings of the walls of the residency apartment. Classified by a fake scientific system according to the room’s colours, these samples appear like a repertory of possibilities, which evoke more complex systems of meaning and identity production, such as linguistics and iconography.
If the wall becomes image in Topographies, in Augenmond we assist to the reverse process: the image readopts the flatness of the surface carrying out a reflection on light, gaze and the ancient idea of the ‘window on the world’.
I am very happy is a short video showing the unexpected revelation of a handwritten phrase, constantly appearing and disappearing through the car window’s condensation. The “road movie” video, evokes the strength and the frailty of the moment and questions the lasting possibility of this feeling.
Same feeling for Luxembourg: a neon handwritten by the artist, built into 2 pieces. Luxembourg, absurdly displaying the country’s name, twinkles out of step, at the search of an impossible and never attained concordance.
Ceci n’est pas un Wasserturm winks at the ‘Trahisons des images’ of the surrealist painter René Magritte, especially his reflections on the discrepancy between object and representation and at the allusion of the transformation of the water tower of Dudelange into an exhibition space.
Morgengrauenton is a sound recording realized, day after day, at dawn. Evanescent sounds, the first birds singing, the early train departure become a representation of the coming day.
The multidisciplinary artwork of Leonora Bisagno is a constellation of works bound together through a personal and subtle narration, through a continuous space and time back and forth, and aims at the creation of a playful universe on the limit between visibility and invisibility, appearance and disappearance and as part of a permanent quest of world insight.
Highest
Common Factor : Leonora Bisagno et Paula Muhr
‘Highest
Common Factor’ présente le travail développé par Leonora Bisagno et Paula Muhr,
artistes
accueillies
en résidence au CNA en 2009.
Le
CNA a intégré en 1998 le réseau des Pépinières européennes pour jeunes artistes
(PEJA) dont le
but
est d'offrir aux jeunes artistes la possibilité d'investir un espace de
création ouvert multipliant aussi
bien
les disciplines, les savoirs et les nationalités.
Contrairement
à l’édition 2005/2006, où le CNA avait demandé aux artistes de développer un
sujet en
relation
avec le contexte de Dudelange (migration, industrie sidérurgique, passage
transfrontalier,
mutations
du tissu social et urbain…), il a fait le choix pour cette édition 2009 de ne
pas imposer un
sujet
précis aux artistes et de laisser plus d’ouverture à la création et à la
recherche sur l’image. Un
lien
s’est naturellement tissé entre les missions et nouvelles structures du CNA et
les artistes : dans
un
premier temps par l’adoption libre des trois médias que sont la photographie,
le son et la vidéo ce
qui a
incité les trois départements du Centre et ses infrastructures de collaborer
pour certaines prises
de
vue et de son ; dans un deuxième temps par l’intérêt accordé au statut de
l’image, notamment
l’image
d’archive.
Michle
Walerich, juin 2009
Informations
pratiques :
Exposition
du 26 juin au 31 aot 2009.
Ouvert
du mardi au dimanche de 10h00 22h00
Centre
national de l'audiovisuel
DISPLAY01
1b rue
du Centenaire
L-3475
Dudelange
Luxembourg
www.cna.lu